Le vannier
L'homme ressemble au vieil olivier en bas du jardin. Il a la même peau rugueuse. Une odeur de pierre animale. Certains jours, assis contre le crépi, sur les grosses marches en pierre, on pourrait ne pas le voir. Sous une casquette, les sourcils en bataille, ses yeux ne se laissent pas prendre. Son pantalon de toile, son débardeur délavés par la lumière ont le bleu de l'ombre.
La grand-mère a mis ses bagues pour venir le trouver. Un foulard autour de la tête. Pendant que l'homme tresse des paniers, elle s'adresse à son énorme bedaine. Avec son couteau, tel un archet, il pèle l'osier. Jetés à ses pieds en fagot, les brins sentent l'herbe meurtrie, le métal que l'on frotte. Depuis le temps qu'il est assis au bord de la route à regarder passer les gens, le vannier sait beaucoup de choses.
Et tandis que ses doigts, bosselés par des années de gestes répétés, ondulent entre les cordes de ses paniers, la grand-mère écoute. Un peu à l'écart, le visage enfoncé dans la brume de son foulard. Assurément, il n'y a pas grand chose d'autre pour elle que de s'abreuver de ces histoires, les doigts enroulés dans son collier.